Les volets fermés de Madame P

Troublant - Déroutant 😬.

Je me souviens très peu de mes rêves, mais celui de cette fin de nuit, juste avant mon alarme de 7h45, je m’en souviens parfaitement, jusque dans les détails. Une résidente (qui venait jadis principalement l’été) est venue me « visiter » ! D’une façon imprévue, car jusqu’à ce matin, je n’avais aucune raison de penser, de rêver à cette dame 😧

Elle m’est apparue très clairement, en version d’elle beaucoup plus jeune, mais cela ne m’a pas empêché de l’identifier. Elle arborait un air joyeux, une coiffure et une teinte de cheveux que je ne lui connaissais pas - une jupe couleur olive, portée au-dessous du genou - des chaussures beiges, hautes, à talons carrés.

Accompagnée d’une amie (?), Madame P semblait vraiment heureuse de retrouver son appartement.

Toujours dans mon rêve, je descendais au local poubelle et y découvrais des gros cartons, d’ustensiles divers destinés plutôt à la déchetterie.

Je remontais d’abord les cartons pour les déposer sur son palier, en m’apercevant que Madame P et son accompagnatrice avaient déjà disparu - appartement et volets fermés.

Retour à la vraie vie - mon réveil a sonné et lors de mon petit-déjeuner, j’hésite à envoyer un sms à la fille de Madame P pour demander des nouvelles de sa maman que je sais malade depuis bientôt 3 ans.

1h plus tard, je reçois un message de sa fille qui m’annonce son décès dans la nuit !

Stupeur et tremblements !

Il m’est certes déjà arrivé d’apercevoir quelques signes légers que j’imaginais provenir d’un « au delà », des informations, des preuves que j’attendais, que je cherchais, comme des papillons ou des étoiles filantes, mais là, le contexte est très différent. Je n’attendais rien.

Pourquoi moi ?

Est-ce parce que cette dame était très attachée à son appartement et qu’elle m’a associé à la résidence ?

Elle aimait, fièrement, me désigner comme « son gardien ». Elle donnait parfois le sentiment d’être la maîtresse de toute la copropriété. Elle connaissait et savait tout sur tout le monde.

Lorsqu’elle prenait ses quartiers d’été, alors nous savions tous que la saison allait vraiment commencer. Sa présence inaugurait le début des vacances.

Plusieurs fois, elle avait tenté de m’inviter à prendre un verre, et je réussissais tant bien que mal à esquiver cette familiarité que j’avais jugée trop précoce.

Elle était comme ça Madame P. Entière, généreuse, désinhibée, curieuse de l’humanité de celles et ceux qu’elle appréciait.

Alors peut-être que je ne me sentais pas encore suffisamment « humain » pour accepter aussi facilement son café en toute légitimité.

Cette intervention nocturne, aussi inattendue que bouleversante, m’interroge, me perturbe. Et si c’était vrai ? D’ailleurs, cela est arrivé - cette vérité, je l’ai vue. Elle s’est avancée, masquée, par le truchement d’un rêve, mais cette apparition, quel que soit le chemin emprunté, était bien trop étrange, impromptue et réelle.

Texte publié avec l'accord de Anne, sa fille.